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Amedeo Modigliani et l’art classique italien

Né en 1884 à Livourne, Amedeo Modigliani abandonne dès 1899 ses études pour se consacrer à la peinture. De santé fragile, sa mère Eugénie Garcin l’initie très tôt à l’art et à la littérature. Dès 1895, elle écrira dans son journal intime : « Ses manières sont celles d’un enfant gâté qui ne manque pas d’intelligence. Nous verrons plus tard ce qu’il y a dans cette chrysalide. Peut-être un artiste ? »

À l’hiver 1901, Amedeo et sa mère se rendent à Naples, Capri, Amalfi, Rome, Florence et Venise où ils visiteront de nombreux musées et églises. Ce voyage est une véritable découverte pour le jeune Amedeo. Il tombe amoureux de Rome et se passionne d’art.

Amedeo Modigliani (1884 – 1920)

À son retour à Livourne, il décide de se consacrer au dessin. Sa mère le confie alors à Guglielmo Micheli, un peintre toscan connu, issu du grand mouvement italien des macchiaioli.

Très vite, Micheli comprend qu’Amedeo possède de réelles prédispositions artistiques. Il décide de le stimuler dans l’espoir d’en faire un grand artiste toscan, un Michel-Ange du XXe siècle !

Pour éveiller sa curiosité, il lui dira : » À Florence il y a tout. Il y a les plus belles œuvres du monde ! Visite la Toscane et va voir des œuvres qui vont t’ouvrir l’esprit ! ». Ainsi commence pour Amedeo un véritable voyage initiatique … Sa mère lui a donné le goût de l’art, Micheli le formera et guidera son apprentissage.

 

Guglielmo Micheli, Deux bœufs blancs

 

À Florence, Amedeo ira à la Chapelle Brancacci (Église Santa Maria del Carmine) admirer les fresques de Masaccio et Masolino. Des fresques où figurent – pour la première fois dans l’histoire européenne – des personnages peints avec une humanité encore jamais atteinte. Il sera ébloui par la force expressive des visages, et comprend comment la singularité d’un visage peut révéler la vérité intime d’un individu. 

 

Masaccio, L’ombre de saint Pierre guérit des infirmes, Chapelle Brancacci, Église Santa Maria del Carmine (Florence) – XVe siècle


À Florence, Amedeo visitera aussi le musée du Duomo pour s’imprégner des sculptures de Donatello, Ghiberti, et Michel-Ange … Mais sur les conseils avisés de Micheli, il ira d’abord voir les sculptures de Tino di Camaino. Un sculpteur gothique siennois peu connu ayant introduit le « réalisme » en sculpture. Amedeo sera profondément touché par la suavité de ses sculptures, et en tirera sa première grande leçon : la sculpture à une capacité que n’a pas la peinture; une capacité de rendre avec force une présence matérielle unique.  

 

Amedeo Modigliani, Portrait de Jeanne Hébuterne, 1919, huile sur toile, MET, New York

 

Tino di Camaino, Buste (Sibylle), 1320, marbre, musée de l’Œuvre, Florence

À Pise, Amedeo ira voir les fresques de Buonamico Buffalmacco situées au Camposanto monumentale. Il y découvre son cycle de fresques Le Triomphe de la Mort montrant de jeunes gens aller vers la mort. Au-delà de l’émerveillement ressenti à la vue de ce grand chef-d’œuvre du XIVe siècle, Amedeo sera fasciné par la force expressive de cette œuvre qu’il contemplera longuement durant sa visite. Outre son côté monumentale, on y décèle aussi une atmosphère inquiétante et angoissante qu’on retrouvera dans les dernières œuvres de Modigliani.  

 

B. Buffalmacco, Le Triomphe de la Mort (détail), Camposanto monumentale, Pise

 

 

Pour conclure, nous pouvons affirmer que l’étape Toscane de Modigliani a été décisive dans sa formation. Son professeur et mentor Micheli a joué un rôle déterminant dans l’éducation de son regard.  

Au contact des œuvres de la Renaissance, Modigliani s’est constitué une sorte de « bibliothèque visuelle » dans laquelle il puisera toute sa vie. De son Italie natale, il préservera la ligne serpentine de la peinture maniériste du XVIe siècle et un goût prononcé pour la beauté abstraite.

En 1901, dans une lettre adressée à son ami peintre Oscar Ghiglia, il écrira : « Crois-moi, seule l’œuvre arrivée désormais à son stade complet de gestation, qui a pris corps et s’est libérée des entraves de tous les incidents particuliers qui ont contribué à la féconder et à la produire, seule cette œuvre vaut la peine d’être exprimée et produite par le style. »

Amel Ferhat, historienne de l’art

 

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Author: amelferhat

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