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Le Bauhaus, une école au service d’une philosophie

Littéralement « maison du bâtiment », le Bauhaus était un haut lieu de création multidisciplinaire où maîtres (professeurs) et compagnons (élèves) partageaient une même philosophie basée sur un fort esprit communautaire et une volonté d’unifier différentes pratiques artistiques.

Fondée à Weimar en 1919 par l’architecte Walter Gropius, le Bauhaus est en réalité une école sans équivalent qui révolutionna les conceptions architecturales et esthétiques de son temps. Dans le manifeste du Bauhaus, Gropius écrit : « Formons donc, une nouvelle corporation d’artisans, sans l’arrogance des classes séparées et par laquelle a été érigée un mur d’orgueil entre artisans et artistes. Nous voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : l’architecture, les arts plastiques et la peinture ».

Walter Gropius (1883 – 1969)

Ainsi, Gropius conçoit le Bauhaus comme un retour à l’esprit de corporation avec un idéal très fort où l’art se substitue à un programme politique en vue de construire un avenir glorieux et prometteur.

Dans le Bauhaus tout doit favoriser l’échange, la création et le débat. L’école prônait la réunion de tous les arts et de tous les savoir-faire autour de l’architecture et de la construction. Gropius disait d’ailleurs que « Le Bauhaus s’efforce de combiner […] tous les arts – sculpture, peinture, art et arts visuels appliqués – comme les éléments indissociables d’une nouvelle architecture ».

Atelier de peinture mural du Bauhaus à Dassau, 1925/26 (Harvard Art Museums/Busch-Reisinger Museum, Gift of Walter Gropius)

 

Le but affiché du Bauhaus est de trouver l’unité de la création dans le rapprochement de l’art et l’artisanat en s’inspirant de l’esprit collaboratif des anciennes guildes médiévales des constructeurs de cathédrales.

Ce retour aux vieilles traditions allemandes marque une volonté de mettre en avant la collaboration entre artistes et professeurs. Le peintre et pédagogue Josef Albers l’exprimait en ces termes : « nous ne créons pas toujours des œuvres d’art, mais plutôt des expériences. Notre ambition n’est pas de remplir les musées, notre ambition est d’acquérir une expérience ».

 

Oskar Schlemmer, L’escalier du Bauhaus, 1932, huile sur toile, 162.3 x 114.3 cm, MoMA, New York

 

 

La relation entre Paul Klee et Wassily Kandinsky illustre parfaitement bien cet esprit de partage. Ces deux personnalités indépendantes ont exercé une influence profonde au sein du Bauhaus. Alors que Kandinsky a une vision idéaliste de sa vocation artistique, Klee en revanche est plus introspectif vis-à-vis de son art.

 

Goethe et Schiller, Weimar

Wassily Kandinsky et Paul Klee, 1929

 

C’est avec une certaine audace que Kandinsky et Klee prennent la pose de Goethe et Schiller sur le célèbre bronze qui les immortalise à Weimar. La photo prise durant les années Bauhaus à Dessau témoigne de l’assurance et de la complicité des deux artistes au sommet de leur art et de leur carrière. Ces deux professeurs aux qualités pédagogiques exceptionnelles garderont leur totale liberté de pensée et marqueront une génération d’étudiants pour qui ils serviront de modèles.

Plus qu’une école, le Bauhaus est en réalité une école-laboratoire : on y crée des œuvres et on y teste des idées.

 

Amel Ferhat, historienne de l’art

 

Documentaire sur le Bauhaus

amelferhat
Author: amelferhat

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